Maroc-Algérie : des Médias, facteurs de mésentente

frontiere_maroc_algerieDe toutes les libertés conquises par l’homme à travers des siècles, la liberté d’expression a nécessité plus de sacrifices et de peines. Aujourd’hui, intervenant dans tous les domaines de la vie des sociétés, les médias se trouvent investis d’une lourde mission. L’évolution de l’espace médiatique connait un rapide changement avec des effets parfois éprouvant.

Au Maroc comme en Algérie, qui est le citoyen qui ne ressent pas le besoin d’une éthique en matière d’information afin qu’aucun organe de presse ne s’arroge un avantage ou une position qui le rend irresponsable de ce qu’il présente à ses lecteurs ? Quel est le citoyen qui ne souffre pas de la déformation systématique par les médias quant aux préoccupations des deux peuples, algérien et marocain ?

L’atmosphère défavorable qui règne actuellement entre les deux pays a permis une propagation d’informations mettant en exergue leurs animosités artificiellement machinées. Le voisinage entre les deux pays est vécu comme obscur, inquiétant et même dangereux. Les voisins sont sensés vivre et travailler en priorité sur ce qui les réunit laissant ouvert le débat sur leurs différends. Individus et sociétés voisines ne sont à même de communiquer que dans le respect de la dignité de l’autre, là est la frontière de l’éthique. On dirait qu’en Algérie et au Maroc, on est victime d’un mal dont on ignore la cause, victime du passé, de l’inhibition et de la misère intellectuelle.

Le temps semble suspendu en cette période désertique où l’on croit encore que le Sahara, pomme de discorde entre les deux pays, n’est qu’un territoire alors qu’il est un facteur d’unité ancestrale à préserver, à ne pas clochardiser.

Lorsqu’on prend le temps de diagnostiquer l’étrange situation du voisinage algéro-marocain, on constate une dénégation du réel qui empêche le face-à-face.

Le voisinage lie les voisins sans les réduire au reflet du regard de l’un et de l’autre. Chacun existe en soi-même et son identité est en devenir dans le vivre ensemble dans la construction de la vie et de la survie. Les deux peuples savent ce que leur réserve l’avenir en ces moments de détresse.

Nul ne saurait ignorer le lien solide qui existe entre les orientations politiques et stratégiques d’un pays d’une part et l’influence que cela peut avoir sur les médias d’autre part. Les séquelles de l’endoctrinement ont eu pour conséquence que les médias n’hésitent pas malheureusement à ignorer les nouvelles qui heurtent leurs convictions et ne répondent pas aux doctrines qu’ils ont embrasées faisant ainsi fi de la réalité et de la déontologie, alors que les libertés d’opinion et d’expression sont indissociables. La première est en effet la liberté de choisir sa vérité dans le secret de sa pensée alors que la seconde est la liberté de révéler sa pensée à autrui.

La liberté d’opinion et d’expression, en raison de son importance et de sa spécificité, comme l’un des critères des droits de l’Homme, bénéficie d’une protection politique, juridique et morale. Cette liberté n’est pas absolue et connait des limites. Elle devient perfide quand elle est exercée selon la tactique nébuleuse. La tactique du gros mensonge qui doit sa célébrité à Joseph Goebels, ministre de la propagande d’Hitler, dont l’idée de base est qu’un mensonge suffisamment énorme sera beaucoup plus facilement acceptable que toute une série de petits mensonges ordinaires, sans oublier la tactique de l’inversion et de la manipulation qui vise à inverser complétement le sens d’un message. La liberté d’expression est soumise à différentes limites, en premier lieu celle de l’autolimitation sous peine de devenir une espèce d’ivresse un peu malsaine à certains égards.

Les paroles et les écrits de dérision que profèrent certains médias à tort et à travers, constituent des calomnies et révèlent des complexes qui deviennent à la longue difficilement guérissables. Certains médias ne laissent échapper aucune occasion sans essayer d’attiser la rancune et la haine entre les deux peuples frères algérien et marocain. Leur responsabilité sera lourde devant l’histoire, car la liberté d’expression est une arme à double tranchant qui ne doit en aucun cas constituer un facteur aggravant l’actuelle mésentente.

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