Le Maroc : Royaume de la quiétude

bcijIl serait prétentieux d’avancer que le Maroc est immunisé contre les lâches attaques du terrorisme. Le pays vit relativement en paix avec lui-même, comparé à ses voisins au Maghreb, en Afrique subsaharienne et au Moyen Orient en proie à l’incertitude et à une violence croissante. Cette paix, le Maroc ne la doit pas à un deal avec le terrorisme comme se plait à l’écrire une certaine presse haineuse, mais il la doit plutôt à son appareil sécuritaire doté de grandes compétences et jugé par l’ONU comme étant le plus efficace dans la lutte contre le terrorisme en Afrique. Comme la bien souligné le réputé journal britannique The TIMES, le Royaume du Maroc se distingue dans la région d’Afrique du Nord comme étant un havre de paix.

Aucun réseau terroriste ne peut se développer au Maroc car les services de sécurité, renforcées par la création du BCIJ et même avant avec l’appui de la réserve citoyenne, mènent une action préventive de telle sorte à dévoiler les cellules dormantes avant qu’elles puissent mettre en œuvre tout acte terroriste.

Cette guerre qui ne dit pas son nom et que mènent les entrepreneurs de violence à référent religieux inquiètent de plus en plus la communauté internationale. Le Maroc doit son particularisme grâce, non seulement, à l’efficacité de son appareil sécuritaire mais aussi grâce à l’intelligente gestion du champ religieux. Le président du parlement européen Martin Schulz confiait à quelques amis marocains, lors d’une visite dans le royaume en 2013 : « nous avons assez de marmites sur le feu, la vôtre est la plus tiède ».

Depuis l’accession au Trône du roi Mohammed VI, et grâce à une redélimitation du champ religieux, la parole religieuse peut circuler dans un espace reconstruit et contrôlé. Mais, si la commanderie des croyants laisse à débattre librement sur la religion, c’est aussi qu’elle peut, face à toute tentative de déviation, se réapproprier cette parole, du fait des responsabilités spirituelles et institutionnelles qu’elle assume. Cette nouvelle orientation permet de concilier le respect de la tradition religieuse et les besoins d’une société moderne en évolution rapide, un islam de tolérance, de modération et d’équilibre, exempt de fanatisme.

Après les douloureux événements du 16 mai 2003, le pouvoir se trouvait en fait devant une alternative : soit céder à la panique générale en renonçant à la défense des valeurs de la démocratie, soit, au contraire, persévérer sur la voie de la modernisation. La détermination du roi Mohammed VI est que rien ne doit faire apparaitre l’idée d’un renoncement.

Cette stratégie s’est fondée sur la consolidation des constantes de l’identité religieuse marocaine, à savoir la doctrine Acha’arite, le rite malékite et le soufisme sunnite. Ces trois composantes de l’identité religieuse opèrent dans le cadre global de la « commanderie des croyants ».

L’Islam au Maroc est régi par les institutions qui, en principe procèdent elles-mêmes de la tradition islamique, à commencer par la monarchie. L’alliance sacrée entre l’Islam et la monarchie, d’une part, et l’unicité de la sunna et le rite malékite, d’autre part, tendent à préserver l’unité ethnico-culturelle de la société marocaine. La fonction de protection de la religion au Maroc incombe au roi, commandeur des croyants, ce qui donne une forme particulière à l’institution religieuse. De cette manière, il peut sembler que le pouvoir politique et le pouvoir spirituel se confondent, alors qu’ils se connectent en réalité dans une relation d’interaction.

Pour le peuple marocain, l’Islam est plus qu’une religion, c’est une raison d’être. Il est présent partout comme l’air que l’on respire. Il est dans les mœurs, dans le langage, dans les âmes et les mentalités. Il n’y a donc rien à islamiser dans le royaume puisque le peuple marocain est fondamentalement musulman. Il ne faut pas oublier non plus de relever combien le cas marocain est, à cet égard, différent des autres pays musulmans.

Une frange de la masse populaire, souvent incapables d’accéder aux textes fondamentaux de la foi et de l’histoire de leur religion, est souvent victime de la séduction et de la fascination de certains prêcheurs de discours trompeurs incrustés de formules sacrées et de locutions hors temps. Au Maroc, il existe bien des courants intégristes auxquels on ne fait aucun reproche tant qu’ils se tiennent loin de tout ce qui pourrait alimenter la tension ou nourrir la dissension et qui respectent les constantes du royaume.

Mais dans un pays comme le Maroc où l’expression pacifique du désaccord n’est pas interdite par l’Etat, il est normal que certaines oppositions s’expriment sous de multiples formes. Pour une nation comme la nation marocaine si imprégnée de religion et de religiosité, quoi de plus normale d’exprimer son opposition en ayant recours au mot « symboles » ; une liberté surveillée pour endiguer tout dérapage. Quant au fondamentalisme marocain, l’islam est pour le peuple l’identificateur et l’authentificateur par excellence. Il va de soi que des masses populaires en trouvent l’ancrage dans le message religieux. Peuple de la mémoire et peuple tirant l’avenir des souvenirs, rien de plus légitime que ce recours aux fondements.

Voilà pourquoi le Maroc est un royaume de quiétude.

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