Les enjeux sécuritaires et les conséquences humanitaires des politiques migratoires

UE_Maroc_SharakaLa mobilité humaine entre les deux rives de la méditerranée est un phénomène qui remonte loin dans l’histoire. Dans ce flux et reflux se démarque un certain nombre de phases historiques.

  • La conquête arabe du 8ième jusqu’au 15ième siècle.
  • La Reconquista qui a provoqué un exode massif à destination du sud des pays d’Afrique du nord.
  • En 1830, à partir de l’occupation de l’Algérie, un mouvement migratoire s’est développé vers l’Algérie.

Jusqu’à son indépendance, le Maroc est resté un pays d’immigration.

Les années 60 du siècle dernier ont constitué une période d’intensification dans l’histoire de la migration marocaine, elle marque les premiers flux importants d’immigration à destination de l’Europe. L’Espagne, pays relativement pauvre à l’époque, ne présentait pas d’intérêt pour ces immigrés. L’immigration était essentiellement masculine. L’évolution rapide s’est accompagnée d’une diversification des pays d’accueils, particulièrement pendant les phases de la reconstruction des pays européens après les destructions causées par la deuxième guerre mondiale.

Les candidats à l’immigration sont originaires, non seulement des différentes régions des pays d’Afrique du nord, mais également de certains pays de l’Afrique subsaharienne. Qu’elle soit légale ou illégale, l’immigration vers l’Europe est une donnée structurelle tant au niveau économique qu’au niveau socioculturel. Elle touche différentes régions des pays concernés, villes et campagnes à des degrés plus ou moins intenses. Les facteurs incitateurs sont l’image de la réussite sociale qu’affiche l’immigré de retour au pays, l’impact de l’audiovisuel, la proximité géographique et enfin la demande de travail spécifique qui existe dans le vieux continent et qui émane principalement de l’économie informelle qui tire de grands avantages financiers et sociaux d’une main d’œuvre docile et peu coûteuse. Les opérations sporadiques de régularisations d’immigrants clandestins en Europe ont renforcé la détermination et nourrissent l’espoir des futurs candidats à l’immigration.

L’approche sécuritaire d’un seul côté a montré ses limites malgré les efforts que déploie le Maroc pour endiguer ce phénomène. Le Royaume a tendance à devenir de plus en plus un pays de transit pour l’immigration clandestine africaine. Le royaume dépense plus de 2 milliard de dirhams par an et mobilise plus de 13 000 agents pour parait à ce fléau migratoire. Et comme l’a bien écrit Jean Claude Martinez dans son ouvrage Mohammed VI, roi stabilisateur : « si le barrage marocain venait à rompre, l’Europe serait submergée en quelques mois ».

Le défunt roi Hassan II, précurseur, avait déjà attiré l’attention de l’Europe sur ce fléau menaçant dans une interview accordée au journal le Monde, le 2 septembre 1992, et déclarait : « l’Europe a le droit de se protéger, mais c’est un droit qu’elle devra revoir assez vite car elle a besoin d’un espace stratégique sur le flanc sud ».

En septembre 2013, le Maroc lançait une nouvelle politique migratoire, fondée sur un rapport du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) qui s’appuyait sur quatre volets : « La situation des réfugiés et des demandeurs d’asile, les étrangers en situation administrative irrégulière, les étrangers en situation régulière et la lutte contre la traite des personnes. »

Après une année 2014 a été marquée par une opération de régularisation de sans-papiers.

L’Organisation démocratique des travailleurs immigrés au Maroc, par la voix de son secrétaire général, Marcel Amiyeto a salué l’initiative du roi Mohammed VI qui a mis en place une nouvelle politique migratoire au Maroc. « Si nous sommes arrivés aujourd’hui à cette étape très avancée, c’est grâce à Sa Majesté le Roi, que nous remercions. C’est un grand visionnaire de l’Afrique qui a été toujours aux côtés des démunis et des pauvres ».

Aujourd’hui un peu partout en Europe, le fantasme de l’invasion fait florès, servi par le vocabulaire qui prend progressivement place dans les discours institutionnels en parlant de migrants clandestins, de faux demandeurs d’asile, d’infiltrés et de risques migratoires. Une association entre immigration et terrorisme, présentée comme allant de soi, alimente un sentiment de peur d’un désir de repli au sein des sociétés occidentales et justifie les mesures censées y répondre. Longtemps appréhendée dans sa seule dimension économique, l’immigration relève clairement depuis le début du 21ième siècle des questions de sécurité. En parallèle à l’augmentation des moyens qui lui sont alloués, l’approche sécuritaire des mouvements migratoires a entrainé un nombre croissant de violations des droits humains régulièrement dénoncé par des ONG mais aussi par les instances onusiennes comme le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) ou le rapporteur spécial sur les droits de l’Homme des migrants.

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