Maroc – Algérie : l’heure du choix

ma-algLes regrettables évènements survenus ce 1er mai 2015, lors de la rencontre sportive à Sétif en Algérie entre l’équipe locale de football, le WIFAC, et l’équipe marocaine de Casablanca, le RAJA, ne présageaient-ils pas une irrémédiable fracture entre les deux peuples frères algérien et marocain, et plus particulièrement entre leurs nouvelles générations. Comme dans chaque compétition sportive il faut un vainqueur et un perdant. On n’ose même pas imaginer ce qui se serait passé à Sétif si le RAJA avait gagné le match et dans quel état les joueurs du RAJA et leurs accompagnateurs auraient-ils pu quitter le stade. La rencontre aurait eu alors des conséquences stupides et détestables.

Les supporteurs de l’équipe marocaine ont fait l’objet d’un déferlement de haine de la part d’une jeunesse algérienne enragée, échauffée par la propagande officielle, par la guerre des plumes et des médias.

La presse dans les deux pays ne produisait jamais quoique ce soit de positif, sur le Royaume ou sur l’Algérie. Elle manquait singulièrement d’objectivité dans le traitement des informations ainsi que de neutralité, faisant preuve d’une partialité flagrante voire même d’une haine gratuite.

Il fallait surtout s’efforcer de garder la tête froide au sujet du problème du Sahara qui opposé les deux pays afin d’éviter l’irrécupérable. Miroir autant qu’inspirateur des profondes tendances, l’histoire a donné un sentiment de solidarité ethnique, islamique et nationaliste dans les deux pays frères pourtant combattu par le colonialisme, une dimension politique bâtie autour de la devise d’un destin commun.

L’avènement de l‘indépendance du Maroc et de l’Algérie a produit une histoire officielle en forme d’épopées justificatrice des pouvoirs en place. La moindre critique des choix, des orientations politiques et économiques en est absente et dont l’impact a marqué les générations de l’indépendance. Les sociétés marocaine et algérienne sont, elles, restées armées d’une identité immuable héritée d’un long passé religieux. Ces sociétés forment toujours un bloc uniforme, que ne viendraient différentier ni les influences idéologiques, ni les courants politiques.

Partagées entre l’espoir d’une politique d’émancipation, d’un progrès économique, d’une justice sociale et la réalité du moment où plus exactement un leurre, les nouvelles générations marocaines et algériennes, sous le choc des obstacles à toute tentative de mobilisation ou de motivation, se sont repliées sur des comportements de marginalisation et des idéologies extrémistes ou fondamentalistes. Elles ont le désir d’immigrer vers les pays de l’Union Européenne, dont le modèle de civilisation est fortement perçu comme une solution à cause d’un manque de démocratie au Maghreb, de la relative proximité de l’Europe et de l’importance des phénomènes migratoires. Les jeunes magrébins déçus, alors qu’ils rêvaient d’un ensemble sans frontières, qui malheureusement ne peut avoir lieu que dans un climat de paix intérieure et extérieure qui tarde à s’instaurer.

Les dirigeants politiques des deux pays qui constituent la locomotive du Maghreb et qui bloquent son intégration, en l’occurrence l’Algérie et le Maroc, semblent vouloir rester dos à dos préférant l’immobilisme dévastateur actuel. Des susceptibilités coriaces continuent d’empoissonner le climat maghrébin depuis la guerre des sables en 1963, malgré des moments de rapprochements apparents, les deux pays vivaient, tantôt sous l’effet d’une rupture, tantôt sous l’effet de guerre de communication. Aujourd’hui les responsables algériens et marocains s’avancent vers une grande querelle alors que la société maghrébine pleure en son cœur de vivre des jours si imparfaits. Les reproches réciproques que faisaient les dirigeants marocains et algériens, sur un certain nombre d’actes de comportements ou de maladresses politiques ou diplomatiques qui ont été préjudiciables aux uns et aux autres mais jamais sans atteindre l’irréparable, ne peuvent en aucun cas justifier l’égoïsme, le manque de générosité et les visions rétrécies d’un avenir commun.

L’exacerbation de la crise jusqu’au conflit armé est a priori inconcevable a moins que…

L’enjeu d’une guerre entre les deux pays serait trop dangereux, mais il ne faut pas exclure cette célèbre citation d’Albert Einstein « il y a deux notions qui donnent une idée de l’infini : l’univers et la bêtise humaine » jusqu’où ira donc la surenchère. Le différend se pose-il en termes de conflit entre deux stratégies militaires ? Du côté marocain même pendant les attaques du Polisario, le Maroc n’a jamais usé de son droit de suite, l’exemple d’Amghala est la meilleure preuve de ses intention pacifistes de même que le président Bouteflika avait déclaré que l’affaire du Sahara ne sera jamais un casus belli entre le Maroc et l’Algérie.

Les deux pays frères et voisins doivent choisir entre perpétuer la confrontation dont personne ne peut mesurer les conséquences ou chercher par tous les moyens à enterrer leur différend à jamais et construire une nouvelle histoire.

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