Sahara : un conflit dans un espace brûlant

Au-delà de son caractère politique et diplomatique le conflit du Sahara est aussi un problème civilisationel, le caractère nomade des populations et la géographie, pernicieusement utilisés par l’Algérie d’abord pour retarder les événements du même cadre qui risqueraient de se produire dans son propre Sahara mais aussi pour avoir un état vassal à sa frontière à même de contrôler la zone sahélienne. Cette stratégie vise également à peser d’un poids plus lourd face au Maroc, c’est pourquoi le dossier du Sahara a toujours été et reste un enjeu de politique intérieure algérienne.
La voie pacifique d’urbanisation et de développement économique et social de stabilité et de progrès exigeait naturellement plus de raison, de temps, d’efforts et d’abnégation que de donner des armes et d’exciter les esprits et les passions. Si le Maroc avait estimé « la mesure comble » en décidant d’armer les populations du Sahara, ne pouvant plus les laisser exposées à la vindicte des hordes armées déferlant du territoire algérien. Il est certain, les soubassements civilisationels étant ce qu’ils sont que ce serait l’amorce d’une déstabilisation qui atteindrait par cercles concentriques tous les pays limitrophes, le Maroc bien sûr, mais aussi l’Algérie, la Mauritanie vulnérable et qui tente en vain au neutralisme et à l’équilibre et également le Mali et le Sénégal.

La guerre civile aux confins de la zone sahélienne arpentée par des nomades, devenus terroristes malgré eux, et des rezzous, reprenant leurs droits voilà qu’elles seraient les ondes de cette zone de tempête, ou des groupes armés mêlant grand banditisme et fanatisme religieux, l’espace aidant se proliféreraient plus rapidement qu’ailleurs.
La nouvelle redéfinition de la zone stratégique méditerranéenne dans les nouveaux confins passent par le Sahara, ce processus a eu pour effet un déplacement de la frontière vers le sud, ses marges méridionales se situent désormais dans le Sahel mer de sable mouvant et de mouvements non contrôlables et sur lequel les états maghrébins peinent à avoir prise et les grandes puissances hésitent à s’impliquer.
A l’heure où déjà le Maghreb est la proie de divers problèmes internes où des négociations entre le Maroc et le Polisario (Algérie) se tiendront pour la troisième fois du 7 au 9 Janvier 2008 à Manhasset au USA, la communauté internationale et ses instances responsables de la sécurité dans le monde doivent trancher entre ceux qui veulent éteindre le feu et ceux qui persistent à l’attiser. Le conflit saharien pourrait devenir un enjeu crucial de sécurité, le Polisario est à la recherche d’un nouveau souffle logistique et idéologique que l’islamisme radical et le terrorisme (l’Arc intégriste du Sahara) peuvent lui offrir.
La récente annulation du rallye Paris Dakar par soucis de sécurité des participants suite aux menaces d’Al Qaida dans les pays du Maghreb islamique confirme les craintes sur le passage du terrorisme dans la région à une vitesse supérieure. Les défenseurs du rallye le qualifient « d’une des plus belles épreuves du monde dans son domaine, l’une de celles qui font rêver. Il s’agit d’une catastrophe, pour l’épreuve et pour l’Afrique, lorsque le rallye a été créé, tout était ouvert. Aujourd’hui, il n’est plus possible d’aller en Algérie, au Mali, au Niger ou en Mauritanie, c’est un drame pour ces pays auxquels le rallye apporte une notoriété internationale sans parler des retombées économiques. » Les organisateurs n’expriment aucune crainte sur la trajectoire que traverse le rallye au Sahara marocain et qu’ils considèrent comme sécurisée et ne présentant aucun danger malgré les menaces du Polisario.
Fallait-il alors céder aux menaces ? En conseillant l’annulation au lieu de s’engager à en assurer la sécurité, les décideurs politiques semblent perdre de vue que le destin du Maghreb et de l’Afrique de l’ouest est aussi celui de tous les pays méditerranéens les deux rives y compris.

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