Maghreb : Maroc Algérie, des atouts pour une convergence d’intérêts.

Favorisés par la complémentarité économique et les affinités culturelles, les rapports entre les deux pays voisins, le Maroc et l’Algérie, souffrent d’un blocage dû à leur désaccord sur le conflit de Sahara occidental. Les deux pays disposent d’atouts communs pour jouer un rôle positif, tant au niveau régional qu’au niveau international. Les deux peuples partagent les mêmes langues, la même religion (l’islam sunnite de rite Malikite) et la même histoire, de l’antiquité à la colonisation française et au combat pour l’indépendance.
L’Algérie et le Maroc disposent en outre d’un fond ethnique commun, les amazighs et les arabes. Incluant d’importantes régions et communautés amazighophones, revendicatives notamment dans le domaine culturel, les deux pays gagneraient à s’entendre pour gérer positivement cette richesse commune.

Ces fortes affinités culturelles sont renforcées par des complémentarités économiques. L’Algérie et le Maroc pourraient créer une structure aussi audacieuse et originale que la C.E.C.A. (Communauté Européenne du Charbon de l’Acier) qui a servi de base à la construction de l’Union Européenne. Le Maghreb a besoin d’un tel socle pour construire son union dans plusieurs domaines importants à déterminer par le couple « algéro-marocain » et qui aura besoin d’être soutenu à l’instar de l’Europe par les opérateurs économiques et les lobbys sectoriels dans les deux pays et étendu à l’ensemble du Maghreb. Il s’agit pour les deux pays de fusionner les intérêts bilatéraux avant les intérêts multilatéraux dans les secteurs vitaux pour l’ensemble des pays maghrébins.
La baisse de tension entre l’Algérie et le Maroc est susceptible logiquement, d’entraîner une réduction des dépenses militaires considérablement augmentées en raison du conflit du Sahara occidental, ces fonds seraient affectées aux développements technologique et humain et à la recherche scientifique dans l’Algérie et le Maroc, tout autant que les autres pays du Maghreb ont grandement besoin.
On peut également déceler, en matière de sécurité au sens large du terme, des défis communs qui militent pour un rapprochement et une solidarité entre l’Algérie et le Maroc. Chacun des deux pays est confronté à des menaces, internes et externes, qui appellent une riposte vigoureuse et même parfois bilatérale. Alger et Rabat pourraient et devraient à ce titre gérer en commun leurs multiples problèmes : le terrorisme, les revendications minoritaires, la drogue, la contrebande et faire face aux défis communs qui transcendent leurs frontières, dégradation écologique en tête, la problématique de l’eau, la sécheresse qui risque de devenir un phénomène structurel. Tout cela permettra de transformer ces contraintes en atouts en faveur d’une construction régionale.
Pour assurer la sécurité et la prospérité du Maghreb, il est indispensable que les deux pays adoptent une attitude différente de celle qui a été la leur depuis l’indépendance. Car il faut admettre leur responsabilité dans le blocage de leur rapprochement.
De la guerre des sables en 1963 à la guerre froide qu’ils continuent à se livrer, l’Algérie et le Maroc sont en proie à une lutte quasi-permanente pour la suprématie au Maghreb, soit directement soit par alliés interposés. Les deux grands du Maghreb n’ont cessé de se reprocher leur désir mutuel d’expansionnisme à l’origine de ces querelles et de ces confrontations, des frontières héritées de la colonisation et le problème du Sahara occidental, ou plutôt ce qu’on appelle en géopolitique « le risque frontalier ». La persistance dans le discours revendicatif exprimé de temps à autre par certains courants nationalistes marocains irrite l’Algérie mais semble favorisée par la position algérienne qui soutient le Polisario, cette position est assimilée par Rabat à de l’expansionnisme dans la mesure où, pour les marocains, la création d’un état indépendant à pour objectif, pour l’Algérie, de couper le Maroc de son prolongement africain et d’obtenir un débouché sur l’Atlantique. A cause de leur profond désaccord sur le règlement du conflit saharien, algériens et marocains ont souvent adopté des attitudes préjudiciables à leur couple et au Maghreb.
L’ONU qui assume les controverses de l’affaire saharienne cherche à transcender les difficultés dans la recherche d’une solution au conflit et contribue activement à éteindre ce foyer de tension qui a trop duré dans la région. L’organisation internationale à bout de patience tente de faciliter et d’encourager une solution politique négociable entre les deux parties, le Maroc et le Polisario, et indirectement l’Algérie. Mais si le Maroc, l’Algérie et le Polisario affirment être disposés à s’y conformer, la légalité internationale à laquelle les protagonistes font référence ne semble pas avoir le même contenu ni la même portée. Si à l’instar de l’Algérie et du Polisario le Maroc affirme par la voix de son Roi Mohamed VI que la solution du conflit saharien « doit s’inscrire dans le cadre de la légalité internationale », il considère qu’il s’agit d’une affaire nationale dont le règlement par l’ONU doit confirmer la présence marocaine dans le territoire.
Le Polisario et l’Algérie continuent de s’accrocher à l’unique solution qu’ils réclament depuis le déclanchement du conflit en 1975 à savoir un règlement par la voie d’un référendum d’autodétermination des populations sahraouies. Or il faut reconnaître que cette formule à été accepté par le Maroc, mais s’est heurtée à la réalité sur le terrain, l’impossible recensement des populations et le dilemme de l’identification, difficultés liées au mode de vie et à la structure des populations sahraouies, il faut ajouter celles issues des conflits dont le territoire a été le théâtre depuis plusieurs décennies et qui a conduit à plusieurs époques un nombre important de sahraouis à se réfugier hors du territoire. L’échec de l’option référendaire n’a indiqué ni la fin ni l’atténuation du conflit, mais son transfert à un autre mode de résolution. Le projet d’autonomie proposé par le Maroc et jugé comme une solution intermédiaire entre intégration et indépendance parait comme un compromis réel qui éviterait un franc succès à l’une des parties et un échec total à l’autre et permettra d’assurer un règlement rapide et concerté du conflit. Le projet marocain a été jugé crédible par le conseil de sécurité et par plusieurs états membres de l’ONU et non les moindres, comme pouvant servir de base aux négociations entre le Maroc et le Polisario.
L’ONU n’étant que le reflet des volontés des états qui la composent, l’attitude des plus puissants d’entre eux déterminera l’issue du conflit et par conséquent le destin des rapports « algéro-marocain ». Le Maroc et le Polisario ont convenu de reprendre sous les auspices des Nations Unies leurs négociations dans un quatrième round prévu à Manhasset entre le 11 et le 13 mars 2008. Il faut espérer que ce processus engagé en juin 2007 a au moins réussit à faire prévaloir « une culture négociatoire ». L’Algérie qui constitue avec le Maroc le moteur du Maghreb peut aider à la recherche de conditions favorables au succès des négociations.
En raison des dangers qui menacent la région, beaucoup de voix du Maghreb et ailleurs, soutiennent  que l’avenir du Maghreb est beaucoup plus important que le type de solution de la question du Sahara occidental. L’Algérie et le Maroc, en tant que pivots du Maghreb, ont un rôle essentiel à jouer dans son édification. Ils doivent être armés d’une volonté politique, d’une confiance à toute épreuve et d’une grande détermination pour transcender les obstacles. Les intérêts supérieurs des peuples de la région résident dans l’union plutôt que dans les démarches isolées et irrationnelles qui ont prévalu jusqu’ici. Sans une convergence des intérêts des deux peuples, algérien et marocain, il ne restera que le désespoir pour les générations nouvelles, ces jeunes sans projets autre que le trafique, l’exil ou le terrorisme.

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